Mardi 17 Octobre à 19h - Salle Ouranos
Cette année, il s'agira de sortir la liberté du politique ou de l’ontologique pour l’ouvrir au psychologique voire au neurobiologique, sortir l’égalité du droit pour l’ouvrir à une justice qui intègre une part d’inégalité : l’équité, et, enfin, sortir la fraternité du champ de la morale pour l’ouvrir à d’autres formes de sociabilité.
Philosophes, neurologues, historiens, écrivains, critiques littéraires, juristes et linguistes questionneront ces trois termes pour les ouvrir à d’autres possibles, dans un souci de dialogue et de questionnement sur notre temps.
DÉTAIL DU PROGRAMME
“Égalité ou équité ? Un vieux débat redevenu d’une brûlante actualité”
Conférence de Françoise Gaillard, philosophe spécialisée dans l’histoire des idées.
La loi dans un grand souci d’égalité interdit aux riches comme aux pauvres de coucher sous les ponts, de mendier dans les rues, de voler du pain. La boutade d’Anatole France ne nous dit rien que nous ne sachions déjà, à savoir que l’égalité devant la loi qui constitue le premier article de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen, n’est peut-être pas la forme la plus juste de la justice parce qu’elle fait fi des différences de situation dans lesquelles se trouvent ceux auxquels elle s’applique.
Mais se gausser des absurdités concrètes auxquelles peut conduire son universalisme abstrait c’est oublier que l’égalité qui figure au fronton de nos édifices républicains a été pensée par les législateurs de 1789 en lutte contre l’arbitraire, comme un principe de droit et non comme un instrument de réparation des inégalités de fait, sociales et économiques et autres, qui existaient entre les citoyens.
Faut-il alors lui préférer une forme de justice distributive plus flexible et mieux adaptée aux cas concrets ; une justice correctrice et réparatrice qu’Aristote, qui plaidait déjà en sa faveur, nommait, l’équité ?
En régime d’égalité le juste selon le droit peut, on l’a vu, s’avérer socialement injuste.
Mais en régime d’équité le juste selon l’éthique risque d’engendrer d’autres formes d’inégalités telles les discriminations positives – ou affirmative actions, comme on dit outre atlantique.
Alors quoi ? Égalité ou équité ?
Et si pour sortir de ce dilemme il fallait commencer par arracher la justice au droit ainsi qu’à la philosophie morale, pour la replacer dans le champ de la pensée et de l’action politiques ? Mon intervention sera une invite à réfléchir ensemble sur cette dernière hypothèse à partir d’exemples variés : anecdotes, cas concrets, romans, images … sans oublier les situations burlesques.
“Quel engagement pour l’intellectuel aujourd’hui ?”
Rencontre en partenariat avec L'Obs : Camille Riquier philosophe, spécialiste de philosophie française et Arnaud Gonzague, journaliste, rédacteur en chef adjoint du magazine L'Obs..
La situation faite en France aux intellectuels n’a pas d’équivalent ailleurs, ni en Angleterre, ni en Allemagne. Elle est l’héritage d’une lignée de noms célèbres dont la plume a fait l’histoire : Rousseau, Voltaire, Lamartine, Hugo, Zola, Jaurès, Sartre, etc. N’ont-ils pas cependant donné aux écrivains qui profitent aujourd’hui de leur ombre portée, l’illusion qu’il leur est possible de faire et d’écrire l’histoire en même temps ? Existent-ils encore des intellectuels engagés ? S’engager, n’est-ce pas se risquer soi-même et à ses frais, en prélevant sur son compte propre ? Quelle influence exercent-ils réellement ? Car à ceux qui ne font plus trembler l’ordre établi, il ne reste guère qu’une autorité de façade. Et la tentation est grande alors de vivre sur le prestige de nos illustres prédécesseurs et d’abuser du crédit immense amassé avant eux et qui ne leur doit rien.
Ainsi, avant de se demander quels sont les combats à mener aujourd’hui ou de débattre sur ceux qui nous semblent prioritaires, avant de savoir s’il est besoin de les classer et selon quels critères (urgence, sensibilité de l’opinion, couverture médiatique, etc.), il faut commencer par s’interroger sur la figure de l’intellectuel engagé, sur ce qu’il a pu être, s’il y en a encore, s’il y a un sens à ce qu’il y en ait et, s’il y a aujourd’hui des combats à mener, si ce sont vraiment d’intellectuels qu’il est besoin pour les conduire.
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Ouvert le midi du lundi au vendredi et les soirs de spectacle avant et après les représentations.
En savoir plusLa librairie est présente dans le Hall les jours de spectacle avec une sélection d’ouvrages en écho à la programmation.
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